... « Veuillez-vous asseoir. »Je regardais la chaise miteuse devant moi. J'étais dans une salle d'interrogatoire des plus insalubre. Bon, ce n'était pas comme si je n'avais jamais vu pire, mais, pour un commissariat, il y avait des limites à ne pas franchir.
Mon regard se posa sur l'homme en face de moi. La quarantaine, cheveux court sans doute un ancien militaire. L'état de la salle n'avait pas l'air de le déranger plus que ça. Il se contentait d'attendre, les mains croisées sur la table que je m'asseye.
En soupirant, je m'avachis sur la chaise et fus surprise qu'elle ne s'effondre pas tant elle avait l'air vielle. Observant impunément l'inconnu, je lui servis mon plus joli sourire d'hypocrite.
« Votre nom est bien Cassiopé, Azelya Black ? »« Si vous le savez pourquoi me demander ? Vous n'avez pas autre chose à foutre ? »Ma voix était douce et tranchante à la fois. Les flics étaient tous les mêmes. Mêmes têtes de bouffons, même question débile, et même injustice. Après tout ce temps restait en cellule, il croyait sincèrement que j'allais coopérer de mon plein gré.
Tsss, imbécile !
Cependant, il ne prit même pas la peine de relever mon insolence ce qui, je devais l'avouer me dépita quelque peu. C'était toujours un plaisir de les foutre en rogne.
À la place, il se pencha sur le côté et, ouvrit une serviette en cuir posait près de sa chaise. Il saisit un dossier qu'il ouvrit avant de déposer quelques documents sur la table.
Les saisissants, je découvris la quasi-totalité de ma vie. J'en fus profondément choquée et fis le maximum pour rester impassible. C'était triste de le reconnaître, mais, ces trois feuilles contenaient tous les détails de mon existence. Trois malheureuses feuilles. Tout y était, du départ de mon géniteur aux dernières notes que j'avais obtenus au lycée. Mon fournisseur de drogue, mes fréquentations, mes clients. Tout correspondait en tout point et ça commençait sérieusement à me faire flipper. Jusqu'à quel point, il connaissait ma vie. Mais surtout, qui était-il ?
« Qu'est-ce que vous me voulez ? »« Pour l'instant, je veux juste savoir si vous êtes bien Cassiopé, Azelya Black. »J'eus un ricanement. Était-il con ou le fessait-il exprès. Le gars avait un dossier sur ma vie entière, mais, persister à me faire admettre mon identité. Devais-je céder ou bien continuer mon petit jeu. Je n'étais jamais contre une petite partie, mais là, la curiosité me tuait à petit feu. Je voulais à tout prix savoir qui était cet inconnu, car si j'étais sûr de quelque chose, c'est que ce n'était pas un flic.
« On m'appelle Haze mais, ouais, c'est bien moi. Maintenant dites-moi ce que vous me voulez ? »L'homme ne prit même pas la peine de me répondre, il sortit cette fois-ci des photographies du dossier et les disposa devant moi, par-dessus les documents.
Et si, au début, j'avais encore un peu d'espoir, là, je n'en avais plus aucun. Je ne savais peut-être pas encore qui il était néanmoins, je savais maintenant de quel sujet il s'agissait. C'était peut-être encore ces allumées de Luciole, ceux qui n'avaient pas arrêté d'essayer de me recruter. Pourtant, jusqu'à maintenant, ils avaient préféré utiliser des moyens un peu moins directs.
« Je suis un représentant du département Stratégie Habileté Intervention Exécution et Logistique Défensive et…. »« Il serait peut-être temps de changer de prénom, vous ne trouvez pas ? »Il ne releva pas encore une fois mon impertinence, mais, j'aurais juré l'avoir vu relever le coin dans sa bouche pendant un millième de seconde. J'imagine que cela ne devait pas être facile de sourire quand on avait un balai dans le cul.
« À vrai dire, nous en avons déjà un, mais, ce n'est pas le plus important. Ce que je m'apprêtais à vous dire, c'est que notre agence à remarquer d'étrange phénomène ces derniers temps. Certain de ces phénomènes concerne de l'argent qui disparaissait des automates de billet. Et il semblerait que tous nous ramènent jusqu'à vous. »Il pointa de son doigt les nombreuses photos qu'il avait placées devant moi. Il n'avait pas à le faire, je savais déjà où il voulait en venir. Sur les nombreux clichés, on pouvait apercevoir des gens retirant de l'argent abord des distributeurs, j'étais présente sur toutes les photos. J'avais conscience que ce n'était pas assez pour m'incriminer, mais peut-être en avait-il plus à mon sujet. La panique afflua petit à petit partout dans mon corps. Ma respiration se fit plus rapide et mon cœur se mit à battre la chamade.
Je ne voulais pas finir dans un quelconque labo de la CIA comme cobaye. Moi qui pensais être prudente, j'aurais dû faire plus attention. Dégoûté de moi-même, j'eus une pensée pour ce qu'allait devenir ma vie. Qu'allait-il me faire ? Qu'allait-il advenir de ma famille ?
Si je n'en avais rien à foutre de ma mère, je ne pouvais pas laisser ma petite soeur. Moi qui voulais la protéger de l'influence néfaste de notre mère, j'allais l'abandonner à ce triste sort. Ma respiration s'accéléra encore plus et je fis un effort supplémentaire pour ne rien laisser paraître.
Cependant, c'était peine perdue. Il fallait être aveugle pour ne pas voir mon état de détresse. Je ne sais pas si l'étranger s'en foutait complètement ou s'il avait eu la délicatesse de ne rien dire, mais quoique ce fut, je lui en étais reconnaissant.
« Vous… Vous n'avez aucune preuve. Qui vous dit que c'est moi ? C'est juste une coïncidence. » « Je l'admets, mais, on en a assez sur vous pour d'autre affaire. Vente de drogue, escroquerie, vol à l'arraché, délit de fuite. C'est la prison directe. »Je retrouvais un semblant de calme. Ce foutait-il de ma gueule ou bien il était sérieux ?
« Et si hypothétiquement, il s'avérait que j'étais bien l'instigatrice de cette affaire. Qu'adviendrait-il de moi ? »« C'est à vous de voir ? »
À ce moment, je ne pus cacher ma stupéfaction. Mais putain où il voulait en venir. L'incompréhension se mêla au doute et la peur.
« Sérieusement vous commençais à me casser les couilles. Arrêtez de parler à moitié et dites-moi ce que vous avez à dire ou cassez-vous ! »
Comme à son habitude, l'homme garda son sang-froid. Il ouvrit le bouton de son costume et saisi un stylo qui se trouvait dans la poche intérieure de sa veste. Il le déposa près de moi avec ce qui ressemblait à un contrat. Mais j'étais trop occupée à le fixer froidement dans les yeux.
« Aujourd'hui si je suis là Mlle Black, c'est avant tout pour vous recruter. Notre agence est au courant de vos aptitudes. Nous sommes près à tirer un trait sur votre passé, effacée votre casier mais, en échange nous voulons vous former. Votre pouvoir nous intéresse, je vous ne le cache pas. Cependant, en échange vous aurez un salaire intéressant, une mutuelle, un appartement et une voiture de fonction. »
« Alors, vous voulez m'acheter pour mes aptitudes ? »« Nous voulons vous compter parmi nous, vous laisser une deuxième chance. D'après ce que nous savons vous êtes extrêmement intelligente, vous auriez pu accomplir de grandes choses. La vie n'a pas joué en votre faveur et je ne juge pas les choix que vous avez accomplies jusqu'à présent. Mais si vous pensez à votre jeune soeur. Voulez-vous lui offrir une vie meilleure ? »Le salopard, il me prenait par les sentiments là. Aurais-je un jour, une autre proposition de ce genre. Cela m'étonnerait beaucoup, je reconnaissais entièrement que même à présent j'avais beaucoup de chance. Par contre, il aurait fallu me torturer pour l'avouer à voix haute.
« Eh si je refuse, je vais en prison, n'est-ce pas ? »« J'en ai bien peur, on n'a aucun intérêt à vous défendre si vous nous ne rejoignez pas. »« Mais qu'est-ce que je devrais faire exactement ? »« Je ne peux rien vous dire tant que vous n'aurez pas signé le contrat. »C'est alors que je posais les yeux sur l'unique feuille que comportait le contrat. Je lis rapidement les clauses qui ne disaient rien de plus que l'étranger en face de moi. Avais-je réellement le choix ? Au fond, je savais ce que je devais faire.
Je saisis le stylo et signa bien vite ce foutu contrat, en espérant de tout coeur que je n'avais pas commis la plus grande erreur de ma vie.
« Vous avez fait le bon choix, Mlle Black. Bienvenue au Shield. »---------------------------------------------------------------------------------
Le XX/XX/20XX
Objet : recrutement d'une Méta-Humaine et distribution d'habilitation de niveaux.
Comme convenu, le département de recrutement s'est rendu au commissariat de XXXXXX afin de libérer la Méta-Humaine. Conformément aux ordres reçus, nous avons l'avons engagé contre un revenu mensuel et avantage salariale. Notre mission et dorénavant terminer. Malgré ma réticence à confier à niveau d'habilitation aussi élevé pour une recrue qui n'a aucune formation, je vous fais part dès a présent que j'ai accédé a votre demande. Son niveau d'habilitation est de niveau trois et c'est avec ferveur que je vous conseille de la faire superviser.
Il me semblerait que cela soit un peu prématuré de la mettre sur le terrain, mais, je ne fais que répéter ce que j'ai dit à la réunion. J'espère sincèrement que vous savez ce que vous faites, car dorénavant, il en va de votre responsabilité.
Mes salutations distinguées.
XXXX XXXX du service de Recrutement de l'agence du SHIELD et de l'habilitation des niveaux.