« On dort pas au boulot. » La voix de mon meilleur ami me tira de mes rêves avant que je marmonne un petit ''aïe'' quand un dossier me tomba sur la tête. Cela faisait plusieurs jours que j'étais fatiguée et je ne rêvais que de dormir, dormir et encore dormir.
« Lâche moi Zachary. » Je reposais mon front sur mon bureau. De toute manière, il n'y avait rien de palpitant ces derniers temps et je pouvais très bien faire une sieste sans que l'on m'en empêche. J'étais devenue policière. J'avais tout fait pour rater ma première année de sciences, et puis j'avais postulé en cachette pour rentrer à l'école de police. C'était Andrew qui m'avait encouragé – peut-être car il en avait marre que je lui pique ses devoirs. On était marié. C'était dingue. Je n'aurai jamais cru qu'on serait sorti ensemble et encore moins que l'on se serait marié et pourtant, l'alliance à mon doigt prouvait tout.
« Rentre chez toi si ça va pas. » Zachary s'assit en face de moi et je relevais la tête.
« Tu te fais du soucis pour moi ? » « Non j'ai pas envie d'un boulet. » Je lui fis une grimace avant de soupirer. C'était vrai que je me sentais las.
« Tu n'as qu'à prendre quelques jours. » « T'es le meilleur patron du monde. » Je me levais pour prendre mes affaires et rentrer. C'est vrai que je n'étais pas dans une forme olympique, j'avais le tournis et je me sentais très fatiguée. (...)
« JULIET ! » Je soupirais avant de descendre dans le salon.
« Quoi ?! » J'étais un peu irritable mais je vis le visage blême de ma mère et de mon frère. Ils avaient les yeux rivés sur le poste de télévision. Flash spécial. Londres. Centre d'exposition. Explosion. Non. Non. Je m'approchais de la télévision. C'était une erreur, c'était au cauchemar. Pendant tout le vol qui me conduisais à Londres – décalé de deux jours – je priais pour que l'on me dise qu'Andrew n'avait pas pu venir, qu'il n'y était pas allé. Pourtant, il a fallu que je me rende à l'évidence quand Zachary me disait qu'il était désolé, mais qu'on n'avait pas retrouvé son corps.
« MAIS T'ES COMPLETEMENT MALADE ! » Je relevais la tête en voyant Zachary qui arrivait furieux vers moi. Qu'est ce que j'avais fais ? Je restais dans mon coin, il m'interdisait le terrain. T'es enceinte, t'es fragile et tout le blablabla.
« T'es enceinte de huit mois et demi tu n'as pas à être ici ! » « Oh ça va, je ne suis pas en sucre ! » Je fuyais son regard. Je savais qu'il voulait que je me repose, que je reste chez moi mais ça c'était impossible pour moi. Je n'arrivais plus à rester dans cet appartement et pourtant je n'arrivais pas à le vendre. Ma mère était venue pendant les premiers mois me soutenant avec ma grossesse qui me rendait malade elle me disait que je pouvais revenir à Glasgow si je voulais mais je refusais, tous mes souvenirs avec Andrew était à Londres. Je ne pouvais pas quitter la ville. Comme je n'arrivais pas à quitte l'appartement. Zachary soupira avant de s'asseoir sur mon bureau.
« Je sais que c'est dur. » Il allait en parler, de ce jour et il était hors de question que j'écoute ça. Je me leva prête à fuir mais il m'attrapa le bras.
« Arrête de fuir et vois le fait. Juliet, il faut que tu fasses ton deuil. Je sais que c'est dur et tu sais que tu peux compter sur moi. » Je fondis en larmes.
« Il me manque terriblement. » Il passa une main sur ma joue.
« Je sais. Je l'aimais bien Andrew, je me suis toujours demandé comment il pouvait te supporter. Mais il faut que tu te ménages. T'es plus toute seule. Andrew il t'engueulerait s'il voyait ce que tu es en train de faire. » Il avait raison. Je soupirais. J'essayais de reprendre le contrôle de moi-même.
« Euh... Zachary... Je crois que j'ai perdu les eaux... » Je ne savais pas si c'était toutes les émotions où le fait que je ne m'étais vraiment pas ménagée mais oui cela s'était produit et dans la soirée, ce petit bébé était né.
« Je l'ai appelé Eliott. » Je regardais la tombe d'Andrew en tenant notre fils dans mes bras emmailloté.
« Eliott Andrew Everwood. » Fis-je dans un murmure.
« Tu dirais surement qu'il a mon sale caractère. » Déclarais-je en riant légèrement. J'avais encore envie de pleurer.
« Je suis sûre que tu l'aimerais profondément. Il a tes yeux et je lui dirai à quel point son père était formidable. » « Je te jure que j'ai l'impression d'être suivie. » Je regardais très sérieusement Zachary qui était venu dîner à l'appartement. Il était le parrain d'Eliott et mon meilleur ami.
« Et par qui ? Un extra-terrestre ? » « Arrête de plaisanter ! » « Arrête de regarder des séries ! » Il mangeait tranquillement et Eliott renversa son assiette par terre, comme toujours quand il n'aimait pas les brocolis. Je le regardais. Plus il grandissait plus il ressemblait à Andrew s'était déstabilisant mais j'étais vraiment contente qu'il soit notre fils.
« Je te le promets Zachary que je t'en parlerai pas si je n'étais pas sérieuse. » « La dernière fois que tu disais que tu étais suivie c'était par ta propre ombre ! » « C'était à l'école policière après une soirée et j'avais bu, tu vas me la sortir tout le temps ? » « C'était très drôle. » Déclara-t-il avec un sourire amusé.
« Des fois je me dis que c'est Andrew. Je ressens sa présence. » Zachary leva les yeux vers moi avant de soupirer et de poser ses couverts.
« Ecoute Juliet, Andrew il est mort, ça fait deux ans. C'est normal d'espérer, tu me dis toujours que c'est parce que l'on a pas retrouvé son corps, mais s'il était vivant il se serait déjà manifesté non ? Je pense sérieusement qu'il faut que tu recommences à avoir des rendez-vous et aussi à tirer ton alliance. Tu te fais du mal. Quand à cette histoire d'être suivie, c'est dans ta tête. » Je ne disais rien. Il avait peut-être raison. Pendant des mois après la catastrophe, voire pendant un an, j'avais misé sur un espoir sur le fait que l'on avait pas retrouvé le corps d'Andrew et que du coup il serait peut-être vivant... Je devais peut-être me rendre à l'évidence mais encore aujourd'hui je porte mon alliance car c'est comme une partie de mon cœur et de mon âme qui me disait de ne pas l'enlever.